Petit Louis, dit XIV - L'enfance du roi-soleil by Histoire de France - Livres

Petit Louis, dit XIV - L'enfance du roi-soleil by Histoire de France - Livres

Auteur:Histoire de France - Livres [Livres, Histoire de France -]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Seuil
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


Las mis penas, madre,

De amores son.

Salid, mi señora,

Del sol naranjales,

Que soy tan hermosa,

Que marvos ha el aire,

De amores, si.

Un peu après la Sainte-Croix du 14 septembre eut lieu la cérémonie de la première chemise. C’était un linge de très fine batiste aux armes de France qui avait été envoyé d’Angleterre par la reine Henriette, tante du Dauphin ; elle fut présentée au nourrisson par la princesse de Condé. Le choix de la donneresse avait fait l’objet d’irritation et de controverse entre la Reine et la gouvernante… Sa Majesté aurait voulu que ce fût Hautefort qui eût l’honneur de ce geste chargé de symbole. Mme de Lansac annonça que l’usage, en France, le donnait à une princesse du sang. Charlotte de Condé prit donc des mains de la gouvernante la petite chemise que l’évêque de Meaux avait bénite la veille et que lui avait passée une servante qui la tenait devant le feu ; elle traça avec son pouce le signe de la croix sur le devant et glissa le vêtement au Dauphin qui, du reste, hurlait comme un possédé entre les mains de sa nourrice. La chemise bénite lui étant posée sur le corps, il cessa ses cris ; tout le monde s’accorda pour y voir le présage qu’il aimerait se vêtir et qu’il serait coquet de sa personne…

Tout de suite après, Petit Louis recommença ses cris et la nourrice lui donna le sein. Il tétait à sa convenance, sans heure ni prévision, réglé seulement par sa faim… Mais il tétait souvent et fort goulûment. Cela donnait un excellent appétit à la jeune femme, qui se gavait autant qu’elle le pouvait de pois, de fèves, de raves et de choux afin d’avoir du lait en abondance. Au bout de quelques semaines, le petit prince se montra si glouton qu’il l’assécha à plusieurs reprises et on dut faire appel à la nourrice en second pour l’assouvir… Cela à la grande colère de Mme de Lansac, qui lui reprocha durement la pauvreté de ses seins. Les deux femmes mangeaient de plus en plus copieusement, jusqu’à se donner des indigestions par peur de voir mollir leurs mamelles. Mme de Lansac, qui menait son monde rondement, leur faisait du reste des scènes de reproche et pavanait son gros corps en soufflant, ce qui causa qu’on l’appelait « la Baleine »… On parlait beaucoup chez la Reine des plus ou moins grandes qualités du lait des femmes ; on assurait que les Flamandes en avaient d’excellent, et aussi les Bretonnes, chez qui il était sucré. Les femmes d’Allemagne l’avaient fort et aigre, mais surtout il fallait se garder du lait des rousses, qui, disaient-elles, était puant. Quant à la durée de l’allaitement possible, chacune des dames disait qu’elle était extrêmement variable et chacune citait quelque exemple de nourrice très jeune, ou même très vieille. Mme de Sénécey contait qu’elle avait entendu dire en Bourgogne qu’une vieille femme de Milly ou de Solutré ayant présenté son sein à l’enfant de sa fille qui venait de mourir,



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